Couché au pied de ce tronc abattu récemment, l’arrête se découpe sur fond de pleine lune jusqu’au sommet de cet Eiger miniature.
La journée est bien avancée alors que les longueurs de corde s’enchaînent sans anicroche et que le sommet commence à se préciser dans l’air chaud de cette fin d’après-midi.
Un seul regard sur cette flamme de bois et tous les
espoirs d’une ascension sensuelle et virile sont
permis !
Au fond de la “Combe maudite”, dans le massif du
Mont-Blanc, la lune se lève derrière les Aiguilles
du diable. Dans la Broye, la frange déchiquetée
d’une vieille souche lui rend bien la pareille.
La lumière du matin découpant la structure de ce
tronc lui donne des airs de grande face nord. L’œil
ne peut alors faire autrement que suivre ces piliers
et ces dièdres en parcourant des itinéraires
connus ou en inventant de nouveaux.
Voie “No Siesta” aux Grandes-Jorasses.
Neigeuse côté nord et essentiellement rocheuse
de l’autre côté, la fine ligne de crête n’en finit pas
de s’élever jusqu’au sommet.
Suite à un bivouac serein une fois le sommet du
Fitz Roy passé, le temps change et nous oblige à
envisager la descente au plus vite.
Posée devant un panorama connu, cette souche
tourmentée prend toute sa dimension dans les
dernières lumières d’un soir d’été.
Empruntée dans une clairière où elle gisait à côté
de son tronc, cette chute de coupe revit en face
d’un mur de crépis en se prenant pour une arête
hérissée de gendarmes et d’aiguilles.