Les bûcherons venaient d’entasser tous ces troncs au bord du chemin.
La plupart étaient coupés de façon franche sauf un sortant du lot. Il arborait fièrement des stigmates d’arrachement à son extrémité.
Vu à l’horizontale, quelque chose attire le regard mais pas suffisamment pour l’immortaliser. En tournant autour, en regardant par-dessous et par-dessus, en inclinant la tête de tous les côtés, une forme s’installe gentiment dans le subconscient. Tout d’un coup, c’est là. Les fibres déchiquetées s’élèvent à la verticale comme des stalagmites de glace. Les fractures béantes deviennent des crevasses. La vision passe en noir et blanc et tout se met en place …

Une fois l’image dans la tête, il faut maintenant imaginer comment arriver à transcrire l’intention dans un cliché. Revoir l’angle et la perspective, tenir compte de la lumière … Ce ne sera pas pour aujourd’hui car le soleil est trop haut et efface toute la structure. il faudra revenir un autre jour.
Quelques jours plus tard, le soir, le soleil bas dans le dos, je joue encore avec mon ombre pour ne pas la retrouver sur le capteur une fois rentré. Le trépied est posé tout près du tronc, l’objectif macro est indispensable. Plusieurs images seront nécessaires pour arriver à capter la netteté sur toute la scène.