Le bivouac au col est magique. Les bruits de la vallée s’estompent tranquillement alors que le soleil se cache derrière le pigne. La longue crête qui s’étend jusqu’aux douves-blanches s’illumine comme une guirlande éphémère. Au passage, l’aiguille de la Tsa se pare d’un halo brillant comme si elle devait encore se pavaner un peu avant d’aller se coucher.
Ce matin le début de l’arrête est avalé prestement corde tendue dans la faible lumière de l’aube. Seules les différences de tension sur la corde indiquent la présence de ma compagne de cordée. Il n’y a pas de bruits à l’exception du raclement des chaussures sur les aspérités du rocher ainsi que les respirations plus appuyées qui s’élèvent au diapason de l’augmentation des difficultés.
Le rythme soutenu est interrompu par quelques relais permettant d’échanger sur la forme du jour et de s’émerveiller à la vue des bouquetins partageant les mêmes vires. Le matériel passe d’un baudrier à l’autre et le cheminement sur cette arrête peut continuer.
Dans la lumière du jour naissant, la crête est tout auréolé de bouffées de condensations qui s’effilochent tranquillement. Le grand gendarme impose résolument sa forme sur notre passage. Peu de d’imagination chez les premiers ouvreurs de ces lieux. Il y a toujours un grand gendarme quelque-part. Il se cache parfois avant ou après le rasoir en fonction du sens de parcours sur l’arrête ! D’autres fois, il est visible depuis la cabane déjà. Souvent, il inspire des craintes prémonitoires en relation avec la prose plus ou moins compréhensible de la description de l’itinéraire.
Assis au pied de cette souche, ce voyage aérien est sublime.
C’est lumineux près de chez moi !
