Alors que la promenade dans ces sous-bois touche à sa fin, de l’amalgame des reflets et des ombres se dégage une présence envoûtante. La lumière rasante de cette fin de journée d’été qui s’insinue au travers des feuilles des arbres dessine des formes étranges tout autour de moi. Les branches et les troncs se mélangent pour peindre des êtres fantasmagoriques et des constructions géométriques dont nul ne pourrait deviner qui en est l’architecte. Cette énergie s’infiltre dans tous les pores de la peau et fini par gagner le cerveau déjà totalement en alerte. L’effet anxiogène augmente à mesure que le regard s’efforce de pénétrer cette barrière végétale en suivant ses lignes de faiblesse. Les images mentales se superposent alors à une vitesse déconcertante et finissent par totalement remplacer celles que les yeux tentent désespérément de présenter à la conscience. Tout s’entremêle dans un tourbillon chromatique à la manière d’un kaléidoscope sensoriel qui aveugle et emporte tout sur son passage. Plus tard, l’éclairage diminue et l’angle des rayons qui s’aplati révèle par petites touches une silhouette par trop familière d’un être cher.
Depuis le jour de notre dernière rencontre, profitant des mois qui inlassablement additionnaient leur quota de jours au total sidéral accumulé, sa silhouette envoûtante n’avait cessé de s’enfoncer dans l’obscurité de ma mémoire. Avant cette apparition, toute la sérénité d’autrefois s’était pourtant réinstallée. Mes nuits s’étaient libérées de mes transes répétées où le manque alternait avec le besoin viscéral de m’éloigner le plus possible de son influence maléfique. Cette nouvelle confrontation me fait prendre conscience du caractère cyclique de mon addiction elle. Chaque année, je reproduis le même schéma. A peine guéri de ses étreintes, je me console dans des bras plus doux, plus accueillants. Les mois d’été me voient courir de belles en belles sans arriver à assouvir ce besoin de me confronter à nouveau à son inaccessibilité. La fin de l’été arrivant, mes pensées remontent irrésistiblement vers elle.

Le froid en altitude s’est réinstallé. Le ruissellement matinal sur ses formes s’est sûrement déjà transformé en d’attirantes draperies de dentelles blanches qui se plaquent sur ses formes rebondies faisant miroiter de folles étreintes. Comme chaque année, le souvenir de toutes les souffrances de nos derniers combats s’est envolé. Je me remets à aiguiser frénétiquement mes accessoires qui bientôt s’ancreront avec délice dans les moindres recoins de son anatomie.
Je ressens déjà l’angoisse qui conduit à l’extase quand le vide se creuse et que les pierres qu’elle fait choir sur moi me font penser brièvement qu’elle me rejette alors que l’instant d’après nous voit nous étreindre comme si rien ne pouvait plus nous séparer.
La nuit s’installe maintenant sur ce chemin de forêt. Les images ne sont plus très claires dans ma tête mais une forme s’y est irrémédiablement imprimée. Je sais que je vais bientôt la revoir car je suis totalement accro aux « Grandes Jo , Près de chez moi.
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